20 mars 2022, Frespech - Beauville.

FRESPECH – BEAUVILLE – ESCAPADE EN PAYS DE SERRES

C’est le jour du printemps que nos vaillantes et vaillants randonneuses et randonneurs (15), se sont retrouvés devant la porte d’entrée fortifiée du village de Frespech pour une randonnée au long cours entre deux éperons rocheux occupés par les villages de Frespech et Beauville, dans ce pays de Serres ainsi nommé en référence aux échines de calcaires gris qui se dressent au-dessus des vallons s’apparentant aux serres des rapaces.

Selon certains étymologistes, le nom de Frespech signifierait « hauteur fortifiée par des palissades » ce qui semble indiquer qu’aux temps des invasions et du début de la féodalité, c’était un lieu de retraite où l’on se refugiait en cas de danger.
Les nécessités d’une défense plus efficace amenèrent aux Xème et XIème siècle la construction, à la place de l’ancienne enceinte palissadée, de fortifications solides entourant le village et capables de résister aux assauts les plus acharnés. L’église datant du XIème siècle en pur style roman agenais dédiée à Notre Dame, conserve son authenticité avec son abside en cul de four et sa couverture de lauzes.
A noter la devise inscrite sur le blason de Frespech, que ne renierait pas notre troupe, « Cal prénè lou tens coume ben é lou moundé coume soun » (Il faut prendre le temps comme il vient et les gens comme ils sont).

Après déambulation dans l’enceinte fortifiée et escalade du rempart surmontant la porte d’entrée pour admirer le paysage du pays de Serres, notre troupe s’égraine plein est, pour rejoindre la plaine et descendre le coteau de Frespech avant d’entreprendre la remontée vers le lieu-dit « Lamouthe ».
Longeant le ruisseau La Tancanne et après avoir récupéré les clefs des églises confiées par le maire de Massels, nous entreprenons notre seconde remontée vers le manoir de Lacam, splendide construction du XVIIème siècle, et nous nous dirigeons vers l’église romane de Sainte Quitterie (XIIème siècle), lieu propice pour notre pause-café, qui nous dévoile ses trésors picturaux, peintures murales (XVème siècle) récemment découvertes cachées sous un badigeon, Le thème iconographique de la chapelle, très homogène, illustre un cycle de la Passion.
L’église en grande partie romane a été dotée, à l’époque gothique d’une chapelle ouverte dans le mur sud de la nef, c’est dans cette chapelle que les peintures ont réapparues, elles couvrent l’ensemble des murs et des voutes. Chaque mur de la chapelle est divisé en trois registres superposés, eux-mêmes délimités par des compartiments formés d’arcatures reposant sur de fines colonnettes.

De là, nous descendons la colline, retraversons la Tancanne, nous dirigeant plein sud vers l’église romane de Massels (XIIème siècle) dédiée à Saint Pierre avant d’entreprendre la remontée vers Lacardayre, et de traverser la RD 656, direction la mairie de Blaymont et l’église Notre Dame de Blaymont (église romane du XIIIème siècle).

Toujours plein sud, longeant le lac collinaire de Genève, nous apercevons au loin la silhouette du village fortifié de Beauville, qui monte la garde à l’extrémité du plateau semblant né du roc, et surplombe fièrement la vallée.

Traversant la petite Seoune, nous arrivons au pied du village fortifié et entreprenons son ascension avant de déboucher sur la place à cornières où alternent vielles maisons de pierre et maisons à colombages.

Retrouvant nos voitures suiveuses, nous faisons halte pique-nique dans le fameux « jardin des Indiens » à proximité du château (terre sacrée donnée par les habitants du village à trois indiens Osages réfugiés au 19ème siècle et sa fameuse devise « la terre n’appartient pas à l’homme mais l’homme appartient à la terre ») dévoilant toute la diversité de la vallée de la Séoune et du pays de Serres avant de visiter l’église Saint Jacques (quel beau patronyme pour tout randonneur) dont le clocher était à l’origine la tour de défense du village et de reprendre notre route vers Frespech en empruntant le chemin de ronde sous le château, le long des remparts de la bastide (ancienne baronnie de l’Agenais).

Le château fut bâti au XIIIème siècle puis au dernier quart du XVIème siècle et durant la 1ère moitié du XVIIème siècle. Lors de sa dernière construction, le château appartenait à la famille De Talleyrand-Périgord. Le château se compose d’un plan en « L ». Il est constitué d’un logis construit à la fin du XVIème siècle. Ce logis est associé à une aile qui a conservé des éléments du château initial du XIIIème siècle. En 1574, ce château fut défendu avec succès par François de Beauville contre les protestants. De 1831 à 1976 il servit de caserne à la gendarmerie. Après cela, il fut racheté et devint une propriété privée.

Cap au nord, retraversant la petite Séoune, longeant les bords du lac collinaire de Monplaisir, nous remontons sur le plateau, coupant la RD 656 avant de faire un petit détour pour admirer l’église romane de Sainte Foy (XIIème), bucolique vigie perdue dans les prairies et cultures environnantes.
Toute la beauté de cette petite église tient à sa sobriété. Son origine semble remonter à la nuit des temps du roman. Son abside en hémicycle voûtée en cul de four est couronnée de tablettes sur modillons à métopes perforés. A l’intérieur, un arc triomphal massif, voûté en arc brisé, une tribune rudimentaire, un plafond de nef lambrissé. Simple, massive, c’est un lieu de silence et de sérénité.

Nous effectuons une dernière montée vers le village de Frespech,, passant devant son lavoir-fontaine (poissons rouges et carpes) avant d’arriver à la porte fortifiée et de conclure cette escapade, fourbus mais contents, confortant la devise du pays de Serres « qu’al teni pla per pas creba » (il faut s’accrocher pour ne pas mourir).

Pour les amateurs de statistiques – dénivelé cumulé : 654 m – circuit de 20 kms non compris le détour par l’église de Sainte Quitterie (2 kms).

Portfolio

les doigts de randonneurs...( = petits gateaux ! )