Cuzorn - Gavaudun, 7 mars 2021.

Nous étions 22, sous la conduite d’Hubert, à nous retrouver sur l’aire de stationnement de la salle des fêtes de Cuzorn pour entreprendre un périple de 16 kms et un dénivelé cumulé de 274 m, reliant les villages fortifiés de Cuzorn et Gavaudun.
Après avoir laissé une voiture suiveuse d’approvisionnement au pied du château de Gavaudun, notre troupe traverse le village de Cuzorn et admire devant l’Hôtel de Ville, le mémorial érigé par une association locale de tailleurs de pierre (COMPAAS) fréquentée assidument par un de nos membres en hommage à la paix (le mot étant sculpté 42 fois dans des langues différentes).
Cap nord-ouest sur une route goudronnée vers le lotissement de la Forêt, passant au-dessus de la voie ferrée Agen-Niversac, puis cheminement sur une sente ombragée dans les bois de châtaigniers à la recherche des fameux « respounchous » que cueillent avec passion Annie.
Un petit peu de gastronomie concernant ce végétal que l’on trouve au détour d’un chemin, émergeant des buissons ou slalomant dans les talus. Les Aveyronnais en raffolent, les lotois les leur laissent (enfin pas tous). Cela ressemble à des asperges sauvages (mais ça n’en est pas, leur nom « officiel » est tamier commun. Celui-ci était déjà connu comme plante alimentaire de cueillette, dès l’Antiquité !!
Consommées en salades, à l’état cru, souvent coupées en morceaux, les pousses sont aussi cuites à l’eau afin d’en atténuer l’amertume, pour être cuisinées, accompagnées d’une viande ou encore préparées en omelette garnie. Une botte de respounchous et des pommes de terre peuvent être mises à cuire ensemble, avec quelques œufs, puis coupés en morceaux après la cuisson. Le tout est alors présenté avec des lardons rissolés et des gousses d’ail finement hachées. Le goût amer est diversement apprécié, et certains recommandent d’ajouter un morceau de pain à l’eau de cuisson pour capter une partie de l’amertume.
Les baies rouges sont réputées toxiques. En revanche, les racines étaient utilisées en cataplasme contre les contusions et les hématomes, ce qui valut à la plante d’être dénommée « herbe aux femmes battues ». On lui prête aussi des propriétés diurétiques et purgatives.
Après cet épisode culinaire nous contournons l’auberge du Vezou et nous dirigeons vers le hameau de Laurenque, en s’arrêtant devant la croix des malades souvenir des temps anciens où la lèpre ravageait la contrée.
Maladie infectieuse, la lèpre atteignit son apogée en Europe Occidentale aux XIIème et XIIIème siècles La crainte de la contagion triompha des sentiments de pitié qu’avaient tout d’abord inspiré les malades (élément d’une brulante actualité en cette période de pandémie). Ils pouvaient même être considérés comme morts aux yeux de la société et exclus de la communauté. Les lépreux nouvellement déclarés étaient conduits à cet embranchement, marqué par une croix qui a gardé le nom de « La Croix des Malades » avant d’être acheminés vers la vallée dans un abri sous roche (dénommé jusqu’à ce jour « Grotte des Lépreux ») qui sera leur dernière demeure. Dépourvus de ressources ils survivaient grâce à la nourriture qu’on leur faisait parvenir.

Nous atteignons l’église de Laurenque dédiée à Saint Sardos lorsque que retentissent les 2 coups de midi.
Originaire d’une des grandes familles de Bordeaux, "Sacerdos" naquit à Calviac en Quercy. Moine puis abbé, il fut évêque de Limoges de 711 à 720…Ce n’est que plus tard que, par contraction, Sacerdos est devenu Sardos.
L’église de Laurenque dont l’existence est attestée dès le XIIème siècle se compose dans sa partie la plus ancienne d’une abside pourvue d’un chœur décoré de 9 arcades sur colonnes, d’une nef à 3 travées dont les deux extrémités sont voutées en berceau plein cintre tandis que celle du milieu est recouverte par une coupole sur pendentifs
Le portail, sans tympan, divisé en 3 parties dont les bandeaux abritent 2 plates-bandes, ornées, l’une d’entrelacs et de rinceaux, l’autre de quadrupèdes et de poissons, présente sur les chapiteaux qui surmontent ses colonnes et ses pieds-droits une ornementation des plus variées, inspirée comme celles des chapiteaux de l’intérieur par les principales scènes de l’ancien testament.
Direction Gavaudun en passant devant les ruines, fort pittoresques et d’un grand effet d’une église du XIVème siècle dénommée prieuré de Saint Sardos dont l’ossature gothique se dresse encore imposante en face du donjon et qui fut détruite lors des troubles religieux du XVIème siècle.
Nous arrivons au pied du château de Gavaudun, vaisseau de pierre accroché à son piton rocheux (bloc de 300 m de long dont ne subsiste que le donjon qui s’élève 70 m au-dessus de la vallée de la Lède, sur une largeur extrême de 20 m) formant un verrou stratégique entre le Quercy, le Périgord et l’Agenais,
Ce dernier comportant 6 étages se caractérise par des faces ouest et nord carrées, coupées presque à angle droit, une face est arrondie en forme d’arc de cercle et une façade méridionale se brisant en pans irréguliers.
Ce château fut construit en plusieurs étapes, la tour primitive du XIème siècle occupée par des hérétiques, fut détruite en 1169 par les troupes de l’évêque de Périgueux et le donjon fut rehaussé au XIVème siècle avec un appareillage plus soigné. Ici pas besoin de pont-levis pour accéder au château, l’entrée s’effectue par une grotte naturelle dont l’extrémité supérieure arrondie a été creusée de main d’homme.
C’est au pied de cet imposant donjon, au-dessus de la source et du jardin médiéval que notre troupe s’adonne aux délices d’un pique-nique roboratif avant de rejoindre Cuzorn en longeant le ruisseau du Vignal et le lac de Marou (lac de 9,5 hectares, de 1ère catégorie, seul lac Lot-et-Garonnais en première catégorie piscicole), longeant un chemin forestier encombré ça et là de dépôts sauvages malgré les panneaux d’interdiction surabondants.
C’est sous de très fines gouttelettes de pluie que nous terminons notre périple bien avant le fatidique couvre-feu sanitaire.

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