12 février 2023 - Laroque des Arcs.

Circuit des Arts à Laroque - des- Arcs le 12 Février 2023
En cette matinée d’hiver, nous voici arrivés à Laroque- des- Arcs pour nous engager sur un parcours pittoresque et sportif.
Nous nous trouvons sur la rive droite du Lot, à l’entrée d’un étroit vallon surplombé de hautes collines (des pechs) et traversé par le ruisseau de Bellefont. Ces lieux étaient habités dès l’époque romaine, mais c’est au Xème s que fut fondée Laroque- des-Arcs. Le toponyme de « Laroque » évoque les rochers (milieu proche) et le nom « arcs » rappelle ici-même la présence d’un pont romain à 3 niveaux d’arches qui enjambait cette vallée et acheminait l’eau de l’aqueduc gallo-romain jusqu’à la cité de Divona Cadurcorum (qui deviendra Cahors).
Cet aqueduc, vraisemblablement construit au début du Ier siècle de notre ère, puisant son eau au pied de l’oppidum de Murcens (commune de Cras), dans la vallée de Vers, non loin de la fontaine Polémie conduisait l’eau sur un parcours de 32km environ dans des conditions acrobatiques avant d’arriver sur les hauteurs de Cahors. Il s’agit d’un aqueduc assez exceptionnel de par sa construction précoce mais aussi de par les techniques qui ont permis de surmonter la topographie difficile de ce secteur. En effet, le canal a été découpé dans les falaises qu’il parcourt soit en encorbellement, soit sur des murs porteurs ; des tranchées souterraines furent creusées parfois jusqu’à 10 m de profondeur ; enfin des ouvrages d’art (ponts) assuraient la traversée de certains vallons. Les 2 tiers de son parcours étaient aériens. Une autre prouesse dans l’aménagement fut sa déclivité (1,08m pour 1km) ce qui assura l’acheminement de l’eau si nécessaire à la cité des Cadurques .
Notre randonnée démarre près du couvent des Récollets superbement restauré (actuelle mairie) ; après avoir longé le ruisseau, nous nous engageons sur un chemin étroit et escarpé. Chacun doit assurer sa progression mais les efforts ne restent pas vains : entre les chênes, nous entrevoyons déjà la silhouette du château du Roussillon (St Pierre la Feuille) ; celle- ci sera visible sur une grande partie de notre parcours. En atteignant le pech de Coutal et en sillonnant ce plateau pierreux du causse, nous découvrons un vaste panorama constitué de pechs entaillés de combes profondes. Ainsi nous devinons qu’il va falloir monter, descendre, monter, descendre…Arrivés à Constans, nous apercevons au loin Valroufié et Cours ( vue imprenable en cette journée ensoleillée).Nous poursuivons jusqu’au hameau de Lagarde où d’anciennes bâtisses bien restaurées attirent nos regards ; il est temps de faire la pause- café !
Plus bas, nous nous engageons dans un chemin creux conduisant au ruisseau de Nouaillac. De petits panneaux annoncent des « curiosités » ( ruines, traces d’eau, rocher et ruisseau ) et gardent nos sens en éveil. Après avoir passé un énorme rocher surplombant une combe où serpente un ruisseau, nous pénétrons dans une « forêt étrange et féerique » ; un tunnel de buis squelettiques habillés de chevelures moussues nous enveloppe dans une lumière particulière. Au fond de la combe, nous prenons la direction du moulin de Nouaillac pour ensuite gravir le chemin qui rejoint Miralasse . Il est temps de sortir nos pique- niques agrémentés de quelques gourmandises.
Empruntant un petit chemin en pente, nous débouchons dans un zone de friches et passons dans le tunnel sous l’autoroute ; des « créations » plus ou moins insolites attirent nos regards ; c’est vrai, nous sommes sur « le circuit des Arts » : un tuyau torturé, éventré borde notre passage, des portes de cellules de prison se dressent en rangs, une arche métallique rouillée surveille notre approche… Autant de pièces aujourd’hui abandonnées mais qui ont marqué une époque…
Encore une montée jusqu’au village de Mels qui surplombe la vallée du Lot au-dessus de Lamagdelaine. Notre parcours se poursuit et nous atteignons enfin la corniche au- dessus de la « cévenne » qui s’étend de Lamagdelaine à Laroque – des- Arcs . Soudain, c’est un point de vue à couper le souffle ! A nos pieds, le Lot et ses méandres, une vue d’ensemble de Lamagdelaine à Cahors, au-delà Arcambal et son château…Une lecture du paysage fort intéressante !
Nous approchant un peu plus, tout en bas apparaît la petite chapelle St Roch. La pente qui nous attend s’avère scabreuse. Mais, chacun à son rythme atteint cet édifice qui se dresse sur un éperon rocheux au-dessus du village. Lors de sa 1ère construction au XIIIème siècle, elle se trouvait plus bas ; au moment où fut tracée la route de Cahors à Figeac, elle fut démolie pierre après pierre et reconstruite sur le roc actuel en 1872 . Cette chapelle est dédiée à St Roch qui, au XIV -ème siècle abandonna ses biens aux pauvres, prit l’habit de pèlerin et se mit au service des pauvres et des malades ( peste). A son tour malade, il s’isola mais grâce à l’intervention d’un chien (don d’un pain par jour) et d’un ange (guérison), il fut sauvé. Aussi est-il considéré comme le protecteur des malades et des troupeaux. En contrebas, sur la rive droite du Lot, la tour de péage (ancien donjon médiéval) édifiée au XIIIème siècle par la famille de Gourdon verrouillait l’entrée du village médiéval. Peut-être a-t-elle servi à prélever un impôt auprès des voyageurs de passage ; mais rien ne l’atteste vraiment.
Notre excursion ne peut se terminer sans évoquer encore une fois l’aqueduc gallo- romain. En observant les cévennes qui enserrent ce lieu, on imagine l’imposante construction du pont-aqueduc haut d’au moins 50 m , large dans sa partie supérieure de 250 m environ et comportant 3 niveaux d’arches . Mais au XIV ème siècle , sur l’ordre des consuls de Cahors, afin d’empêcher les bandes anglaises qui occupaient le secteur de s’y retrancher, le pont fut démoli. En empruntant le sentier qui descend à gauche de la chapelle, nous découvrons ici le seul vestige de l ‘aqueduc sur le rocher supportant la chapelle : le passage d’un petit tunnel … En- dessous, se trouvait une grotte fortifiée appelée « château des Anglais » ; d’autres lieux ainsi nommés ( à Vers, Bouziès… ) rappellent cette époque où des bandes détroussaient les voyageurs.
Notre randonnée s’achève par une déambulation dans le village : la tour de guet, la chapelle St Roch vues d’en bas prennent une dimension particulière ; le portail et la grille de l’école évoquent la rivière , la vigne, les arcs…. Enfin nous admirons l’ancien couvent des Récollets et son église.
Cette belle journée ensoleillée nous a permis de découvrir un agréable circuit et d’éveiller sans doute notre curiosité au sujet de l’aqueduc gallo-romain et de la cité Divona Cadurcorum.
Merci à tous pour ces bons moments de partage et à bientôt sur nos chemins.

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