30 avril 2025 - SEJOUR A ROSAS – J4
SEJOUR A ROSAS – J 4 – CAP DE CREUS et maison de Dali
Pour cette quatrième journée, nos guides nous amènent à la découverte du parc naturel de Cap de Creus à la pointe extrême est de la péninsule ibérique.
Guidé par talkies walkies, notre cortège de 12 véhicules serpente dans la route en lacets qui mène de Rosas à Cadaquès, puis délaissant Cadaquès, vers le phare « du bout du monde », le phare de Cap de Creus.
Celui-ci, situé à 81 m au-dessus du niveau de la mer a été mis en service le 29 juillet 1853 sous le règne d’Isabelle II. Il dispose d’une tour carrée qui part du centre du bâtiment. Il mesure 7.40 m de haut jusqu’à sa corniche couronnée d’un petit balcon, d’une tour cylindrique et d’une lanterne. Sa portée est de 63 kms.
De là, notre troupe se scinde entre les adeptes de la « rando passion » qui vont arpenter sur 14 kms et un dénivelé positif de 450 m, les sentes du Cap, aux roches acérées, sous le regard « transcendantal » du maitre des lieux : Salvador Dali et ceux de la « rando découverte » qui sous la houlette d’Angel effectueront une randonnée moins technique, propice à la contemplation de ce site grandiose.
Le groupe « passion », averti par notre guide des dangers de la marche sur des roches acérées et glissantes nous amène au point 0 du GR©11 qui traverse les Pyrénées de part en part afin que chacun dépose un morceau de roche sur le cairn matérialisant la pointe extrême est de l’Espagne.
Laurent, notre guide en profite pour nous narrer, avec brio, les amours d’Hercule, en route vers les colonnes, et de Pyrène ainsi que de son fameux gourdin qui serait, selon la légende, à l’origine de l’érection de la chaine des Pyrénées.
Après pérégrination dans les criques, nous atteignons l’emplacement de l’ancien camp de vacances du club méditerranée qui a été totalement déconstruit lors de la création de la réserve naturelle en 1998. Une voie bétonnée réservée actuellement aux randonneurs, a servi à l’enlèvement des gravats des anciennes constructions.
C’est à l’abri de cette dernière que nous bivouaquons, écoutant religieusement la vie, oh combien passionnante, de Dali, racontée avec talent et passion par notre guide.
En effet, sa sexualité bizarroïde, s’inscrit dans un lieu bien précis, Cap Creus, sans lequel Dalí ne serait pas Dalí.
La majorité des paysages qu’il a peints sont des représentations de ce cap ou de la plaine voisine de Rosas. C’est là que l’artiste s’installe à partir de 1930. C’est en quelque sorte son foyer, son refuge. C’est aussi le lieu des mythes qu’il construit, le creuset de son imagination. C’est ce qu’il appelait "l’ultralocal". Pourquoi ici spécifiquement ? À 26 ans, alors qu’il vient de rencontrer Gala et les surréalistes, son père lui coupe les vivres. Perdu, sans le sou, Dalí va trouver asile à Port Lligat, la crique à côté de Cadaqués et de la maison familiale dont il est exclu. Il va se faire aider d’une femme de pêcheur et s’installe dans une cabane de quatre mètres carrés. Dalí va devoir vivre de sa peinture, extrêmement chichement. Un mal pour un bien, car c’est sans doute à ce grand dénuement économique que l’on doit ses tableaux les plus puissants et les plus provocateurs.
Retournant vers le phare par le chemin asphalté qui épouse partiellement le GR©11, nous découvrons une multitude de rochers polis par la tramontane et la salinité de la mer, formant un bestiaire original, source d’inspiration du maitre.
Ces affleurements de roches métamorphiques et granitiques forment un paysage de grande valeur géologique, formé il y a 2 millions d’années, fruit des pressions et des hautes températures qu’ont subi les différents minéraux.
Laissons le mot de la fin au botaniste : « Le long du littoral, on trouve les plantes les plus adaptées aux conditions climatiques locales. Il s’agit là de la végétation la plus intéressante du parc, dont on ne trouve d’équivalent nulle part ailleurs sur la côte catalane. Les espèces endémiques en sont l’armérie du Roussillon (Armeria ruscinonensis), le statice ou limonium de Trémols (Limonium tremolsii) et, surtout, le séséli de Farreny (Seseli farrenyi), authentique joyau botanique qui ne pousse qu’ici. Toutes ces espèces sont protégées ».
Reprenant nos véhicules, nous faisons une halte dans la crique de Port Lligat, traditionnellement la base des pécheurs de Cadaquès où certains des rares bateaux de pêche qui restent dans la ville y sont encore amarrés, pour visiter au compte-goutte (10 personnes à la fois) la demeure de Dali.
D’abord un modeste refuge pour vivre son amour avec Gala, dans une baie isolée sur la Costa Brava, la villa iconique de Dalí est devenue la boîte magique de ses créations. De la maison labyrinthique jusqu’à la plage, en passant par les jardins, le maître y a laissé toutes ses obsessions.
D’une simple cabane acquise en 1930, le maître espagnol du surréalisme a fait un petit palais, un lieu de création et finalement aussi une de ses œuvres à part entière, en s’inspirant, comme pour ses tableaux, du paysage, des couleurs et de la lumière directement sur place.
"Je ne suis chez moi qu’en ce lieu. Ailleurs, je campe", déclarait Dalí. Et son empreinte se ressent encore aujourd’hui aussi bien à l’intérieur de sa maison, remplie d’objets hétéroclites, qu’à l’extérieur jusqu’à la plage.
Après cette journée remplie de connotations daliniennes, retour à ROSAS, pour de nouvelles aventures, mais cela, c’est une autre histoire.