6 avril 2025 - WE à Périgueux.

PERIGUEUX Rando urbaine 6 avril 2025

Rendez-vous ce matin à 9h à l’abbaye de CHANCELADE pour une visite guidée par des bénévoles de l’association des amis de l’Abbaye. Nous constituons deux groupes et nous partons à la rencontre des lieux.

Le nom de Chancelade viendrait du latin « fons cancellatus », désignant une fontaine cachée, une source protégée. Dès le XIe siècle, en 1096, auprès de cette eau vive, s’installe une vie religieuse avec le moine Foucault, abbé de Cellefrouin : dans ce lieu retiré, auprès d’une source et d’un ruisseau, la Beauronne, les conditions sont réunies pour vivre en ermitage. Le moine sera bientôt rejoint par d’autres religieux pour former une communauté. La construction de l’église abbatiale débute en 1129, la communauté choisira de vivre selon la règle de Saint Augustin dès 1633 et l’Abbaye sera consacrée en 1146.

Sur le portail de l’abbatiale, les modillons du centre symbolisent les 4 éléments : évocation du monde crée, appelé à s’unir au divin. Romane à l’origine, l’église a été remaniée tout au long des siècles : ainsi son chœur, roman jusqu’en 1569, a été reconstruit au XVIIe siècle. Chœur occupé par 64 stalles de bois, qui portent toutes, sur la partie inférieure, une petite console, appelée « miséricorde » : elle permettait aux religieux de prendre appui lorsqu’ils priaient debout. Chacune de ces miséricordes porte un motif décoratif original. Toujours dans le chœur, deux peintures : l’une de saint Christophe, l’autre de saint Thomas Becket, assassiné sur ordre d’Henri II d’Angleterre marié à Aliénor d’Aquitaine. Le pape Alexandre III demande au roi de faire pénitence pour ce crime et d’honorer la mémoire de Thomas en lui faisant représenter le saint dans plusieurs églises d’Aquitaine. Dans le transept gauche, nous découvrons « le Christ aux outrages », offert par Louis XIII à l’abbé Alain de Solminihac, évêque de Cahors qui a contribué à la renaissance de l’abbaye dès 1614, après les ravages qu’elle subit au cours de la guerre de Cent Ans, pendant laquelle le chevalier Du Guesclin la reprend aux anglais en 1370, anglais qui la reprennent à nouveau en 1371 et ne se retireront des lieux qu’en 1440. Suivront ensuite les ravages dus aux guerres de religions. Le renouveau matériel et spirituel opéré par Alain de Solminihac sera marqué par la reconstruction de l’abbaye en 1623, jusqu’à ce que la Révolution supprime l’ordre des chanoines réguliers de Saint-Augustin et la vendent comme bien national.

A l’entrée du site, se trouve la Chapelle romane Saint-Jean : construite en 1128, de dimensions modestes (19m X 5m), elle est posée sur le rocher, sans fondations. La partie basse du portail s’inscrit dans un carré, symbole du monde crée. La partie haute s’inscrit dans un triangle, évoquant la trinité chrétienne du Père, du Fils et du Saint – Esprit. Au-dessus, une représentation traditionnelle du Christ : l’agneau portant sa croix. L’intérieur est d’une sobriété remarquable : une nef voûtée en berceau de deux travées, séparées par des colonnes encastrées, et le chœur en demi-cercle.

Nous terminons la visite en découvrant de l’extérieur le logis abbatial actuellement en travaux. Nous allons jusqu’au ruisseau de la Beauronne, doublé d’un bief au-dessus duquel passe un petit pont roman en pierres de réemploi venant du premier cloître disparu. Le lieu est idyllique, enveloppée d’une lumière adoucie par les frondaisons et habité par le murmure des eaux galopantes.

Il est temps de quitter Chancelade et de rejoindre le prieuré de Merlande, annexe de l’abbaye.

Nous suivons le chemin des moines sur 6,5km, bordé par endroit d’asphodèles dont la floraison commence à peine. Nous parvenons dans la combe silencieuse, entourée de forêt, où se tient le prieuré. C’est là que nous allons pique-niquer.

En 1143, Elie Audoin, abbé de Chancelade, fait bâtir l’église sur le lieudit « Merlandia », établie sur une source jaillissant du sous-sol, qui ne tarit point, même par forte sécheresse. Le nom de Merlande est formé de 2 mots celtiques « mer » et « lande » signifiant « une vaste solitude ». Cette église sans collatéraux n’est décorée par aucune chapelle, et sa forme n’est pas une croix latine. Elle a tout l’aspect sévère des églises de l’ancien style roman.

Dès 1172 lors de l’invasion anglaise, elle est saccagée. Les moines vont reconstruire l’église ; cependant Merlande va continuer de partager la bonne et la mauvaise fortune de Chancelade. Les huguenots qui ont ruiné l’abbaye viennent saccager le Prieuré. Les moines reviennent à nouveau et se remettent à l’ouvrage, en fortifiant cette fois-ci le bâtiment. Ils l’entourent de fossés, ils bâtissent la tour nord, ouvrent des meurtrières au-dessus du chevet. La Révolution n’épargnera pas les lieux : les biens du Prieuré seront saccagés, certains seront vendus, mais l’église sera épargnée.

A l’intérieur, le chœur est encadré de 11 piliers ornés de chapiteaux sculptés représentant lions et griffons, symboles des forces du mal. De la végétation déborde parfois de la bouche des animaux. Les bêtes entrelacées luttent ensemble et se déchirent, et leur expression farouche, est finement rendue par le talent du sculpteur.

Après le pique-nique, notre groupe se divise : la majorité va suivre un sentier de 3,5 km autour du prieuré, et un petit groupe de 8 personnes ira visiter le Musée d’Art et d’Archéologie du Périgord. Premier musée de Dordogne, il est construit à la fin du XIXe siècle dans la tradition des grands musées nationaux. Il abrite en particulier des collections préhistoriques remarquables qui en font le quatrième musée de France dans ce domaine.

Fin du voyage : tout le monde se retrouve à Limeuil, sur le chemin du retour, pour un pot convivial pris à la terrasse du café situé face à la confluence de la Dordogne et de la Vézère. Un moment de pur plaisir ! C’est là que nos routes se séparent, après deux journées marquées par de belles découvertes et portées par une ambiance chaleureuse dont nous remercions tous les participants.

Portfolio