6 mai 2021, sur les hauteurs de Marminiac.

En ce matin de printemps un peu incertain, 22 randovaliens quittent le petit village de Marminiac jadis situé sur la voie romaine reliant Cahors à Périgueux. Les petits groupes se suivent à distance entre murets moussus et sentiers fleuris pour, peu à peu, s’élever en direction de Cazettes. D’imposantes bâtisses anciennes attirent nos regards et forcent notre admiration. Plongeant vers les combes de Bru, nous empruntons de beaux chemins sous les jeunes ramures des chênes ; ainsi nous arrivons en contrebas de Boissiérette. Près d’un étang, se dresse une statue de pierre qui garde cet endroit assez magique ! Nous voici sur le domaine de la famille Bissière ; des explications s’imposent pour évoquer cette lignée d’artistes.
Roger Bissière, né à Villeréal (47) en 1886 suit des études aux Beaux-Arts de Bordeaux puis devient journaliste à l’Opinion pour gagner sa vie. Il publie dans l’Esprit Nouveau des études sur Seurat, Ingres, Corot, Braque. Imprégné de l’art roman et du cubisme, son travail est marqué par la couleur et la grille qui structure ses tableaux. En 1938, avec son épouse « Mousse »et son fils Marc- Antoine, il s’installe à Boissiérette qu’il ne quittera plus jusqu’à sa mort en 1964.
Avec sa femme, il réalise des tentures murales multicolores. Par ailleurs, il crée des vitraux (Metz, Suisse…) et multiplie les techniques (peintures à l’œuf, œuvres sur tuile ou sur bois) et les lithographies. Grand Prix National des Arts en 1952, Roger Bissière est considéré comme l’artiste emblématique de l’Ecole de Paris contemporaine.
Son fils, Marc-Antoine Bissière (1926-2012) connu sous le pseudonyme de Louttre.B., commence son apprentissage de la peinture très tôt avec son père, « dos à dos » dans le même atelier.
En 1949, installé à Paris, il réalise ses premières peintures non- figuratives et des gravures sur linoleum et sur bois. Début des années 60, il s’engage dans une voie originale qu’il désigne comme de la « figuration allusive ».
Lors de fréquents séjours dans le Quercy (1962- 1967), son attention se déplace des objets les plus proches vers les choses du dehors. L’arbre apparaît de plus en plus dans ses toiles. Il introduit aussi dans ses œuvres des photos découpées dans les magazines qu’il colle, peint et intègre dans la composition de ses tableaux. Des années 1989 à 1992, les sables mêlés aux pigments agrémentent ses compositions.
Louttre.B. réalise de nombreuses expositions à Paris mais aussi aux Pays- Bas, au Luxembourg, au Danemark, en Allemagne, en Suède, en Suisse.
Au cours de notre déambulation, nous admirons aussi ses imposantes sculptures de pierre et de béton dans le parc du domaine. Celles-ci « ne sont ni négociables ni déplaçables, seulement conçues pour ce lieu ». Louttre. B.
Comme il est difficile de quitter un tel endroit chargé d’Art et d’Histoire ! Mais il faut reprendre le chemin en contrebas de la chapelle St Pierre superbement restaurée par la famille Bissière.
De vallons en coteaux, nous accédons au plateau caillouteux au niveau du lieu-dit « Maradène » puis rejoignons la tour d’Hugot pour prendre la direction de Pouchou. Ces paysages ouverts dévoilent de larges horizons et des étendues de prairies et de champs cultivés. Soudain, sur la gauche, un chemin en pente s’ouvre devant nous, bordé par une haute clôture protégeant une truffière. Arrivés dans la vallée, nous franchissons la Masse juste naissante pour rejoindre Marminiac. Quelques gouttes nous empêchent de flâner à notre guise dans ce beau village aux pierres ocres, aux vestiges remarquables (la tour des Anglais du XIIIs, l’église romane St Vincent, la halle, le château des Bonafous…). Aujourd’hui on y déambule dans le calme et la sérénité.

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