9 Août 2023 - Nocturne à Orgueil

Contrairement à l’habitude, afin d’éviter la rude montée terminale (10 %), nous nous sommes retrouvés à 19, bravant la chaleur du mois d’aout, au bord du Lot à la station de pompage de Lenclio et non devant l’église Saint Martin de Cabanac, pour une boucle de 7 kms reliant les rives mystérieuses de la rivière Lot, le long des vestiges partiellement enfouis de la cité médiévale d’Orgueil, aux paysages sauvages du plateau de Mauroux.

A l’extrémité de la route goudronnée, au bord du Lot, nous entreprenons la montée progressive sur le plateau par un chemin caillouteux et ombragé qui nous amène au hameau de la Combe de Gaby, puis passant devant la fontaine éponyme, nous remontons plein sud pour atteindre le point culminant de notre périple (224 m) au lieu-dit « Le Rey » à la frontière de la Nouvelle Aquitaine et de l’Occitanie.

Obliquant sud-est nous traversons le hameau de Saby puis longeant le Camp de Cubertou, nous apercevons la forme altière de l’Eglise Saint Martin de Cabanac éclairée par les rayons du soleil couchant, avec sa belle tour clocher barlong, posée comme un navire échoué sur l’herbe au milieu de nulle part entourée de ses cyprès centenaires. Selon la légende, cette église était l’église paroissiale du castrum d’Orgueil. Son emplacement est du au talent d’un archer qui, de la forteresse d’Orgueil en contrebas, banda son arc dont la flèche détermina l’emplacement de l’église.

Après avoir découvert le tombeau en forme d’enfeu du XVème siècle et le dessus d’un tombeau fermé par une longue dalle ornée de besants attribuable au XIIème siècle (remploi d’une table d’autel romane de l’ancienne chapelle) et croisant une chèvre curieuse, nous entreprenons la rapide descente sur une petite route bitumée qui nous amène au bord du Lot, le long des vestiges enfouis du bourg d’Orgueil.

Il faut rappeler, qu’au temps de sa splendeur (début XVème siècle), le château et le bourg s’étendaient sur une superficie de 7 hectares pour une population de 900 âmes. Il se situait à un endroit très important du point de vue économique et stratégique, on traversait la rivière au moyen d’un bac et il y avait un barrage en bois (payssière) où les bateaux pouvaient s’amarrer et un moulin à eau.
Pendant la guerre de Cent Ans, l’endroit se trouvait régulièrement en terrain de guerre, alternativement c’étaient les Français et les Anglais qui y étaient les maitres (La rivière Lot était souvent la frontière entre les deux camps). Orgueil paya un lourd tribut quand ses seigneurs participèrent au sac de la fortification de Montcabrier et à l’occupation du bourg de Puy l’Evêque. En représailles l’armée du Comte d’Armagnac, au nom du roi de France, s’empara du bourg, le fit évacuer et le détruisit totalement. Orgueil ne fut jamais reconstruite et disparut de la mémoire collective.

Un petit détour, avec les plus intrépides de la troupe, nous permet de remonter le canal (à sec) jusqu’à la source en forme de gouffre qui alimentait le castrum.

Cheminant au bord du Lot nous apercevons les restes du barrage médiéval d’Orgueil avant d’aboutir à la station de pompage de Lenclio et à son ancien moulin où nous attendent nos véhicules et un pique-nique roboratif, dans la douceur retrouvée d’une soirée estivale, à l’abri (mais oui) des piqures de moustiques.
A mercredi prochain pour de nouvelles aventures.

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