1er avril 2023 - Albi jour 1.

1er avril :
9h30, tout le monde est là au rendez-vous fixé à l’hôtel Ibis.
A peine arrivé en terre albigeoise, notre petit groupe est déjà l’objet d’une attention gourmande ! Huguette a prévu pour nous le café et les mini viennoiseries qui vont bien avec ! Nous voilà prêts à affronter les incertitudes du ciel et à battre le pavé jusqu’à l’Office de Tourisme où nous attend Julien, le « maître de cérémonie » en compagnie duquel nous allons découvrir la Cité Episcopale. Julien va s’avérer un guide passionné et passionnant, intarissable, répondant à toutes nos questions, et ravi de l’intérêt que lui manifeste notre groupe. Depuis le lieu où Julien nous réunit pour commencer la visite, nous dominons la rivière, le Pont Vieux et les jardins du Palais Episcopal. Ces jardins, de style classique, sont créés à la fin du XVIIème siècle : ils se caractérisent par 2 jeux d’arabesques de buis taillés, sur un lit de graviers blanc, accompagnées en été d’un fleurissement coloré.
Impossible de rendre compte ici de la richesse des explications de notre guide ! Cependant, nous retiendrons quelques points essentiels concernant le Palais épiscopal de la Berbie, la Cathédrale Sainte-Cécile et le Pont Vieux, lieux incontournables de l’histoire d’Albi.

AlbiMag #258 mars 2023

* Le Palais Episcopal : connu comme Palais de la Berbie, déformation du mot occitan « Bisbia » qui signifie « évêché ». Il est édifié entre 1250 et 1260 sur un site de hauteur fortifié, d’époque gauloise, dominant le Tarn. Ouvrage civil par son architecture, et militaire de par sa fonction, le palais initial est un imposant donjon de briques. C’est Bertrand de Castanet, nommé évêque d’Albi en 1276, qui va donner au Palais l’ampleur qu’on lui connaît. La position dominante de cette forteresse affermit le pouvoir religieux sur celui de la ville, aux mains des Consuls. Les importantes ressources prélevées sur les paroisses récupérées au moment de la Croisade contre les Cathares, et bien sûr l’Inquisition vont permettre à l’évêché d’affirmer sa puissance, qui va s’incarner dans la Cathédrale Sainte-Cécile, dont Bertrand de Castanet décide la construction dès 1277.
* La cathédrale Sainte Cécile : La pose de la première « brique » a lieu le 15 août 1282. Sa masse relève plus de la forteresse militaire que du sanctuaire. C’est pourtant bien une cathédrale élevée pour sauver la foi chrétienne de l’hérésie et garder la cité. Ses dimensions en imposent : 113m de long, 35m de large, 40m de haut avec un clocher culminant à 78m, doté de 365 marches. C’est la plus grande église de briques au monde : on estime qu’il a fallu au moins 14 millions de briques foraines, fabriquées à partir des argiles présentes à proximité immédiate, pour sa construction. Qui plus est, l’utilisation de la brique, matériau fort peu couteux, avait aussi pour dessein d’afficher une pauvreté de bon ton pour cette religion souvent critiquée pour ses goûts luxueux…
Bien éloigné de l’austérité de son extérieur, l’intérieur de la cathédrale est riche d’une incroyable profusion de décors. Tout y est surdimensionné : 178 statues, dont 70 angelots dans le chœur, récemment restaurés, tous différents et d’une remarquable finesse, chacun surmonté de dais dont la délicatesse des sculptures fait penser à de la dentelle. Sainte Cécile, c’est aussi 18 000 m2 de surface peinte : au début du XVIème siècle de très nombreux artistes vont couvrir les voûtes, les murs et les piliers de peintures riches en couleurs, où domine l’azurite, d’un bleu profond, qui deviendra le « bleu roi ». A noter : aucune des peintures de la voûte n’a été restaurée ! La cathédrale possède aussi la plus grande représentation au monde du « Jugement dernier », dont la partie centrale, où se trouvait le Christ, a été détruite fin XVIIIème pour placer une ouverture vers une chapelle. Louis 1er d’Amboise, évêque d’Albi, en passe commande à la fin du XVème siècle. C’est une « BD » de15m de haut, 18m de large, où se confondent Terre, Ciel et Enfer, où femmes et hommes sont séparés de part et d’autre de la fresque et représentés bien différemment, dans une attitude dévouée et bien ordonnée pour les femmes, avec beaucoup plus de laisser-aller pour les hommes…Les péchés capitaux y sont mis en scène, sauf la paresse.
Au-dessus du « Jugement Dernier », se trouve le Grand Orgue, dont les dimensions en font, là encore, un des plus majestueux de France. Construit par Christophe Moucherel entre 1734 et 1736, son buffet en chêne fait 16,40m de long pour une hauteur de 15,60m. Il possède 3 549 tuyaux ! Il a bien sûr été remanié au cours des siècles.
Nous en terminerons avec la cathédrale en évoquant Sainte Cécile, dont une chapelle présente le corps martyrisé. Ste Cécile était une noble romaine condamnée au martyre en 230 pour avoir converti nombre de personnes au christianisme. Elle devint la patronne des musiciens car sa légende mentionne qu’en allant au supplice, elle aurait entendu la musique de Dieu. Condamnée à la décapitation, Cécile subit 3 coups de hache après lesquels elle est toujours en vie : la loi interdisait que le bourreau porte plus de 3 coups, aussi laissa-t-on Cécile agoniser durant 3 jours…
* Le Pont Vieux : daté de l’an 1040 pour sa 1ère construction. Régulièrement fragilisé par les crues, il sera reconstruit plusieurs fois entre 1040 et 1220. C’est au milieu du XIIIème siècle que la structure que l’on connait aujourd’hui est édifiée. Point de passage obligé entre Méditerranée et Océan, le Pont Vieux va faire la fortune de la Cité grâce aux taxes prélevées sur les seules marchandises … et, dit-on, les juifs, vivants ou morts…Des habitations ont été construites sur le pont au XIVème siècle, ainsi que des boutiques, avec beaucoup d’artisans du cuir. Les maisons seront rasées à la suite de la crue de 1766, qui les avait endommagées. Plus vieux pont de France encore en service, il va rester fermé pendant 2 ans afin de le consolider et lui refaire une beauté.

Notre guide nous a tenus en haleine bien au-delà des 2 heures prévues, et nous le quittons enchantés par sa prestation.
Il est désormais temps d’aller piqueniquer, mais la pluie et le vent sont là ! Heureusement, avant de nous quitter, Julien nous conseille d’aller nous abriter au cloitre Saint Salvi, à deux pas. Après le piquenique, chacun part en quête d’une boisson chaude pour se redonner du cœur au ventre avant d’attaquer le programme de l’après-midi. Programme que nous allons modifier pour trouver au plus vite un lieu où nous abriter. Nous décidons d’aller au Musée Lapérouse avant l’heure prévue. Le temps de cheminer le long du Tarn, de remonter sur le pont neuf, d’être bien secoués par le vent, nous arrivons au musée trempés et dégoulinants. La responsable des lieux nous accueille chaleureusement et va, elle aussi, nous tenir sous le charme des aventures de Jean-François de Galaup, comte de Lapérouse (1741-1788). Il s’engage dès l’âge de 15 ans dans la Marine Royale. Devenu capitaine de vaisseau chargé de conduire une expédition contre les établissements britanniques en baie d’Hudson, il démontre sa valeur maritime et militaire. Il est choisi par Louis XVI pour diriger une expédition autour du monde visant à compléter les découvertes de James Cook dans l’océan Pacifique. Il est responsable des frégates l’Astrolabe et la Boussole qui, après une dernière escale à Botany Bay, disparaissent à Vanikoro (îles Santa Cruz) en 1788, trois ans après le départ de Brest. Le musée retrace toutes les étapes de cette expédition et présente des maquettes, des instruments de navigation et des objets retrouvés sur les lieux du naufrage.
Temps libre pour la fin de l’après-midi. Certains partent en rando sur les quelques kilomètres de « l’Echappée verte », un sentier sauvage qui longe le ruisseau du Caussels, avec bambous en majesté et gué à franchir malgré la pluie, avec l’aide de notre preux chevalier Philippe !. A quelques encablures de la ville, on a le sentiment d’être « ailleurs ».
D’autres iront à l’abri visiter le « Musée de la mode » Un musée tenu par un passionné qui collectionne depuis près de 40 ans des vêtements, accessoires, bijoux, chaussures, dentelles, du 18ème au 20ème siècle.
Nous nous retrouvons tous à La Pizzeria Del Duomo, où nous terminons cette journée bien remplie, que notre trésorier parachève en nous offrant l’apéritif.

Portfolio

Sainte Cécile, patronne des musiciens. cloître de St Salvy Pique nique dans le cloître de la collégiale St Salvy